
Le succès étonnant des prédications de saint Ange d’Acri (+1739)
Lucantonio Falcone, frère Ange en religion, est né à Acri (Italie, Calabre). Ce prêtre capucin est l’un des prédicateurs les plus célèbres dans l’Italie du XVIIIe siècle. Sa popularité est à la mesure de son humilité : immense. Dieu lui offre des charismes extraordinaires. Issu d’un milieu paysan pauvre, il ignore tout de la culture classique mais parvient à évangéliser des gens de toutes conditions, y compris parmi les plus lettrés, grâce à la vérité de sa foi, à l’ardeur de ses homélies et à la charité de chacun de ses gestes. Il rend son âme à Dieu après avoir passé trente-huit ans à évangéliser la société calabraise avec un succès étonnant et inexplicable.
Les raisons d'y croire
Il est très étonnant qu’un homme tel qu’Ange ait finalement pu évangéliser si merveilleusement et à une telle échelle. Lorsqu’il est ordonné prêtre, en 1700, il est si timide qu’il en oublie son texte d’homélie et qu’il se trouve ensuite souvent incapable de parler en public.
Frère Ange vient d’une famille très pauvre et n’a pas été scolarisé. Une fois au couvent, la rapidité avec laquelle il découvre l’histoire du peuple d’Israël, les prophètes, les Évangiles et la théologie de saint Paul dépassent de loin les capacités naturelles d’un être humain. L’origine de cet apprentissage fulgurant est une vision du Christ.
Les visions d’Ange sont parfaitement cohérentes et exemptes de toutes erreurs ou maladresses doctrinales, morales et liturgiques. Ces visions lui servent d’enseignements et de révélations privées sur les mystères de Dieu, qui nourrissent ensuite profondément chacune de ses prises de parole publiques.
Ses prêches et confessions font grand effet. On ne compte pas le nombre de convertis et de repentants de tous genres, « retournés spirituellement » après s’être confessés au père Ange ou après l’avoir entendu. On ne peut s’empêcher de penser que cette efficacité est liée à la véracité de ses propos, fidèles à l’Évangile, et aux grâces reçues par les sacrements.
Il voit plusieurs fois le Christ souffrant et participe à la Passion. Il a en 1714 une vision de la flagellation de Jésus, à la suite de laquelle son corps reste endolori jusqu’à sa mort, le 30 octobre 1739.
Plusieurs des lévitations du bienheureux sont constatées par ses frères capucins sans aucune possibilité d’erreur, d’illusion d’optique ou d’hallucination.
Ses contemporains, laïcs comme religieux, assistent à un phénomène de lumière inexplicable entourant le visage du saint, notamment lorsqu’il prêche.
En 1821, le pape Léon XII procède à la reconnaissance des vertus héroïques d’Ange. Quatre ans plus tard, trois miracles sont authentifiés par le Saint-Siège, ouvrant la voie à sa béatification. Trois événements, absolument inexplicables, découlent d’une intervention surnaturelle : guérison instantanée de Marianna Bernaudo, agonisante ; résurrection de Francesco Sirimarco, déclaré « mort » par les médecins ; guérison immédiate et définitive d’un enfant nommé Pietro Sacco.
Rome étudie puis reconnaît un miracle supplémentaire dû à l’intercession d’Ange d’Acri, béatifié en 1825. Il s’agit de la guérison d’un jeune homme en état de mort clinique après un terrible accident de voiture. Ce dernier s’est réveillé sans geste médical, parfaitement guéri, sans aucune séquelle ni besoin de traitement. Ange a été élevé sur les autels en 2017.
En savoir plus
Lucantonio Falcone est issu d’une famille campagnarde d’Acri, pauvre et profondément croyante. Il ne reçoit que des bribes d’enseignement en matière religieuse et ne fréquente pour ainsi dire jamais l’école. C’est un enfant éveillé, intelligent, qui voue un grand amour aux siens et à toutes les personnes qu’il rencontre. Dirigé par un frère capucin, il fait la connaissance de la vie de Jésus, médite souvent la passion du Seigneur et, parvenu à l’adolescence, envisage de suivre son tuteur capucin en frappant à la porte d’un couvent.
À dix-huit ans, il est admis une première fois dans un couvent de Capucins, mais il est renvoyé quelques semaines plus tard pour inconstance et incapacité à suivre les us et coutumes de la communauté. À force d’efforts, de renoncements et de prière, il parvient toutefois à y être définitivement admis, sous le nom – prédestiné – de frère Ange.
Commence alors une vie d’amour évangélique, et il est ordonné prêtre le 10 avril 1700. Ses supérieurs veulent faire de lui un prêcheur et un missionnaire, mais il est si timide qu’il ne peut prendre la parole publiquement. Dieu vient alors à son aide. Une vision mystique l’incite à se lancer dans l’étude de la Bible. En moins d’un an, il apprend ce que ses frères en religion, y compris les plus savants d’entre eux, n’ont pas retenu en plusieurs années d’études.
Dès lors, et jusqu’à son dernier jour, Ange va porter la Bonne Nouvelle de Jésus à travers toute la Calabre, comme jamais personne ne l’avait fait auparavant. Ses succès auprès des populations sont foudroyants. Des phénomènes surnaturels accompagnent ses prêches : extases, phénomènes lumineux autour du saint, révélations privées, don de connaissance, etc. Sa renommée est telle qu’il est élu supérieur provincial des Capucins de Calabre, charge qu’il n’accepte que parce que Jésus le lui ordonne !
Il rend son âme à Dieu le 30 octobre 1739, presque aveugle. Si ses yeux de chair ne voient plus guère, en revanche son esprit et son cœur sont comblés de la lumière du Christ. Le pape Léon XII le béatifie en 1825 après avoir reconnu trois miracles exceptionnels dus à son intercession. Le pape François proclame sa sainteté en 2017. La basilique d’Acri, érigée en 1898, contient ses reliques.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Au delà
Il existe dans l’Italie méridionale du XVIIIe siècle nombre de prédicateurs appartenant à divers ordres religieux, qui, pour certains, ont fortement marqué les mémoires.
Aller plus loin
Abbé L. Jaud, Vie des saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950. (Disponible en ligne ).
En complément
Les informations disponibles sur le site Internet Sant’Angelo d’Acri , en italien.
La lettre circulaire à l’occasion de sa canonisation.