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Histoires providentielles
Thessalonique
Nº 430
12 septembre 2011

La dépouille de sainte Kyranna miraculeusement retrouvée 250 ans après son martyre (2011)

Début 2011, le patriarche de Thessalonique, Jean de Lagada, décide un jubilé en l’honneur de la néo-martyre Kyranna, suppliciée pour le Christ deux cent cinquante ans auparavant. Ne manquent aux festivités que les reliques de la jeune fille, qui n’ont jamais été retrouvées malgré la dévotion qui l’entoure. Le patriarche réunit historiens et experts pour collationner les documents d’époque, dans l’espoir d’y trouver une indication sur la sépulture de la sainte.


Les raisons d'y croire

  • Kyranna a été martyrisée en 1751 sous l’occupation turque. À sa mort, des événements surnaturels (parfum et lumière inexplicables) ont tant effrayé les geôliers qu’ils ont accepté de remettre sa dépouille aux chrétiens, à condition que Kyranna soit enterrée sans cérémonie en dehors de la ville. Les documents écrits ne mentionnent que cela : le lieu exact de l’enterrement a été oublié.

  • Après l’indépendance grecque, faute de retrouver la tombe, l’Église orthodoxe, qui a inscrit Kyranna au nombre des néomartyrs, lui élève un somptueux sanctuaire dans son village natal. Les pèlerins y affluent, quoique les seules reliques que l’on y vénère soient des vêtements lui ayant appartenu. Cela prouve que l’on ne sait vraiment plus où Kyranna a été enterrée, car il eût été plus logique de bâtir le sanctuaire sur sa tombe, ou au moins de procéder à la translation de sa dépouille jusqu’au sanctuaire.

  • Malgré toutes les investigations entreprises en deux siècles et demi, l’on ignore toujours où elle repose lorsqu’en 2011, le patriarche de Thessalonique proclame une année en l’honneur de sainte Kyranna pour l’anniversaire de sa mort. La nouvelle enquête menée entre janvier et septembre se révèle tout aussi infructueuse. C’est alors que Jean de Lagada recourt à un saint moine du mont Athos réputé avoir des révélations divines.

  • Le 12 septembre 2011, le moine affirme que Kyranna repose sous l’autel majeur de l’église des Saints-Archanges de Thessalonique, où elle avait l’habitude de prier. Aucun indice n’a jamais désigné ce lieu de sépulture, qui semble improbable, car cela signifierait que les chrétiens ont désobéi aux autorités turques.

  • Des fouilles sont entamées dans l’église, à l’endroit indiqué, sous la surveillance du clergé, d’historiens, de médecins légistes et d’archéologues. Très vite, elles mettent au jour les restes d’une jeune fille qui porte encore aux pieds ses chaussures. À peine la tombe ouverte, un parfum délicieux s’en exhale, ce dont tous, une fois encore, témoigneront, y compris la presse prévenue de cette découverte.

  • Ce signe du Ciel n’empêche pas le patriarche, prudent et avisé, de faire procéder à toutes les constatations et vérifications scientifiques qui s’imposent. Les analyses confirment qu’il s’agit d’une femme et déterminent son âge, sa taille et la date de sa mort. Ces données sont toutes cohérentes avec ce que nous savons de Kyranna et de son martyre. Aucune fraude n’est envisageable et l’on peut écarter l’hypothèse d’un coup monté à l’occasion des festivités du centenaire.

  • La redécouverte de Kyranna fait grand bruit, comme l’attestent les reportages dans les médias grecs et orthodoxes du monde entier.

  • Beaucoup de martyrs des persécutions romaines, enterrés clandestinement et dont les sépultures étaient perdues, ont été retrouvés grâce à des miracles, comme des lumières brillant sur leur tombe, ou grâce à l’intercession de saints.


En savoir plus

Kyranna naît en 1731 à Avisoka, aujourd’hui Ossa, près de Thessalonique (Grèce), dans une famille chrétienne, modeste et pieuse. Dès l’adolescence, elle voue sa virginité au Christ. Lorsqu’elle a vingt ans, un haut fonctionnaire turc, n’arrivant pas à la séduire, la fait jeter en prison. Elle y subira la torture jusqu’à succomber dans sa cellule, le 28 février 1751.

Mais, vers onze heures, le soir même, une merveilleuse lumière éclaire soudain la prison et un parfum exquis s’y répand. Il faut se rendre à l’évidence : lumière et parfum proviennent du cadavre de la Grecque. Ce miracle plonge les Turcs dans la panique et ils décident de se débarrasser du corps en le remettant aux chrétiens, à condition que la martyre soit enterrée sans cérémonie et« hors des murs » de Thessalonique.

En réalité, Kyranna est ensevelie secrètement et illégalement sous le maître-autel de l’église des Saints-Archanges, à Thessalonique. Après l’indépendance de la Grèce, le secret ayant été bien gardé et tous les acteurs de l’époque étant morts, il s’avère impossible, malgré les efforts des patriarches successifs, désireux d’honorer leur plus glorieuse martyre, de retrouver trace de sa sépulture. On bâtit cependant dans le village natal de Kyranna, en 1840, une grande église qui porte son nom, mais où les seules reliques vénérées sont des vêtements lui ayant appartenu.

Jean de Lagada fait alors appel à un moine du mont Athos réputé pour ses charismes. Début septembre 2011, celui-ci pense avoir eu la révélation miraculeuse du lieu où Kyranna repose. Des fouilles sont entreprises… Le corps de la sainte est retrouvé à l’endroit décrit par le moine. L’affaire, suivie de près par la presse, fait grand bruit en Grèce et dans les communautés orthodoxes. Le patriarche Jean de Lagada procède à la translation solennelle de la dépouille vers son sanctuaire d’Ossa.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au delà

D’autres cas de découverte miraculeuse de reliques ont été recensés. Ambroise de Milan a par exemple retrouvé (on dit « inventé » mais le terme ne doit pas prêter à confusion) les tombes des martyrs milanais Celse et Nazaire, et des martyrs Vital et Agricola à Bologne.


Aller plus loin

L’article 1000 raisons de croire qui relate la vie et le martyre de Kyranna : «  C’est lui que j’aime et je suis prête à mourir pour lui  ».


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