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Les saints
Empire romain
Nº 421
Ve siècle

Syméon monte sur une colonne pour demeurer seul avec le Christ (+459)

Syméon, un berger originaire de la province de Cilicie (actuelle Turquie), entre au monastère après avoir entendu la lecture des Béatitudes. Pratiquant une ascèse très stricte, il décide de s’isoler dans les montagnes et finit par vivre au sommet d’une colonne, d’où il tire son surnom de « stylite ». Mais sa réputation de sainteté attire vers lui de nombreuses personnes venant de tout l’Empire, et même au-delà. Le moine opère de nombreux miracles en faveur des chrétiens, mais aussi des païens, qui grâce à cela se convertissent. En Orient, la fête de saint Syméon est fixée au 1er septembre.


Les raisons d'y croire

  • De son vivant même, la réputation de Syméon dépasse l’Empire romain. Elle s’étend en Occident (Gaule, Italie, Angleterre, Espagne) et en Orient (Arménie, Géorgie, Éthiopie). Même les ennemis des Romains, les Perses, viennent le voir.

  • Des milliers de personnes affluent vers lui pour être guéries, recevoir une prophétie, ou voir leur prière exaucée.

  • Au-delà des chrétiens, de nombreux païens sont aussi témoins des miracles de Syméon et se convertissent au christianisme.

  • Son premier biographe, Théodoret de Cyr, l’a rencontré. Il témoigne de choses qu’il a vues.

  • L’empereur romain lui-même s’adressait à Syméon, lorsqu’il en avait besoin. Comme il était manifeste que Dieu agissait par Syméon, ce dernier était écouté par les plus hautes autorités religieuses et politiques de son époque.

  • Après sa mort, son corps est conservé à Antioche, puis à Constantinople, et de nombreux miracles sont attestés autour de ses reliques.

  • Les vestiges archéologiques, de sa colonne et du monastère qui l’a entourée, sont toujours visibles actuellement (en Syrie actuelle, au nord d’Alep).


En savoir plus

Syméon est originaire de la province de Cilicie (actuelle Turquie). Un jour, alors qu’il entre dans une église, il est touché par les paroles de l’Évangile qui sont lues : il s’agit des Béatitudes . Il entre alors dans un monastère, où il reste deux ans. Il décide ensuite de rejoindre un autre monastère pour mener une vie religieuse plus stricte et opte pour celui de Teleda, près d’Antioche. Mais, là encore, la rigueur de son ascèse va au-delà de ce que pratiquent les autres moines. Il y vit néanmoins dix ans. Les anciens lui demandent ensuite de se retirer pour ne pas décourager les autres moines. Il s’établit alors en solitaire sur la montagne voisine, puis dans une maisonnette isolée. Il y demeure trois ans. C’est là qu’il jeûne pour la première fois, complètement, durant les quarante jours du carême. Il reproduira ensuite cette discipline chaque année pendant le carême, tout au long de sa vie.

Sa réputation de sainteté commence à se répandre dans tout l’Empire romain, et même au-delà. Des personnes de toutes les contrées, de l’Occident (Italie, Gaule, Angleterre, Espagne), comme de l’Orient (Perse, Arménie, Géorgie, Éthiopie) affluent vers lui afin d’être guéries, ou pour recevoir l’exaucement d’une prière. Mais Syméon ne recherche pas la gloire et ne veut pas perdre sa solitude. Il décide donc d’édifier une colonne. D’abord de 2,5 mètres, puis de 5 mètres, puis de 9 mètres et enfin une de 18 mètres. C’est au sommet de cette dernière qu’il reste jusqu’à sa mort. Mais cela ne suffit pas à décourager les visiteurs : bien au contraire, ceux-ci affluent toujours plus nombreux. Syméon accomplit un grand nombre de guérisons. Il exerce aussi le don de prophétie et apporte une consolation spirituelle à ceux qui en ont besoin. L’empereur lui-même, Théodose II, s’adresse à lui lorsque cela est nécessaire.

Mais sa réputation dépasse les frontières de la chrétienté, et des païens – des tribus ismaélites, notamment – viennent aussi le voir. Impressionnés par les miracles qu’ils constatent, ils se convertissent au christianisme et détruisent leurs idoles. Théodoret de Cyr, le plus ancien biographe de Syméon, a été témoin de cela. Parmi ces nombreux miracles, on peut en citer un. Un gouverneur d’une communauté de Sarrasins était venu auprès de lui pour lui demander la guérison d’un homme devenu paralytique. L’ayant fait amener devant lui, en présence de tout le monde, Syméon lui ordonne de renoncer à la fausse religion de ses ancêtres. L’homme accepte volontiers. Syméon lui demande ensuite s’il croit au Père, au Fils et au Saint-Esprit. L’homme répond de manière affirmative. Syméon lui ordonne alors de se lever. L’homme se lève : il est guéri.

Syméon meurt en 459, à l’âge de soixante-neuf ans. L’archevêque d’Antioche fait alors transporter son corps dans une église d’Antioche, avant de le transférer dans un martyrium spécialement construit pour lui. Là encore, après sa mort, de nombreux miracles continuent à être opérés. Un monastère est bâti autour de la colonne de Syméon. Il devient l’un des plus grands centres de pèlerinage de l’Orient, avant d’être détruit par les musulmans en 985. Il reste aujourd’hui d’importantes ruines qui entourent la colonne de saint Syméon.

David Vincent , doctorant en histoire des religions et anthropologie religieuse à l’École Pratique des Hautes Études.


Aller plus loin

Théodoret de Cyr, Histoire des moines de Syrie, tome II. (traduction française : Pierre Canivet et Alice Leroy-Molinghem) Paris, Le Cerf, 1979.


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