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Guérisons miraculeuses
Annaya (Liban)
Nº 419
Octobre 2014

Guérison de Shams, petite fille musulmane de Bagdad (2014)

Un matin, en 2014, dans le logis d’une famille de Bagdad (Irak), la maman trouve sa fille, Shams, dans son lit, les yeux révulsés, la tête drôlement inclinée : elle ne peut ni bouger ni parler. Un cancer au cerveau est diagnostiqué sans tarder. Mais l’intervention chirurgicale d’urgence pour retirer la tumeur ne suffit pas pour la guérir. Par hasard, la famille de Shams entend parler du monastère d’Annaya (Liban), où repose la dépouille de saint Charbel. Ils s’y rendent et prient avec ferveur dans la crypte où repose le corps du moine thaumaturge. Alors que cela fait des jours que la petite fille ne peut plus s’exprimer, celle-ci prend la parole pour demander d’être posée à terre. À la grande surprise de sa famille, elle marche, puis elle court entre les piliers de la crypte.


Les raisons d'y croire

  • Le diagnostic de Shams a été posé sans l’ombre d’un doute : d’abord par le docteur Saad Al Wasri à Bagdad, puis à l’hôpital de l’université américaine de Beyrouth, après une batterie d’examens. La petite fille a un cancer au cerveau et les risques pour sa vie sont très sérieux.

  • La fillette a six ans ; elle ne saurait feindre correctement plusieurs jours la gravité des symptômes neurologiques et moteurs d’un cancer au cerveau, ni leur guérison soudaine.

  • Tous les examens médicaux de Shams (scanner, IRM, prises de sang, radiographies, etc.) ont été inclus dans le dossier qui a été remis aux archives du monastère d’Annaya.

  • Dans le foyer où logeait sa famille, au Liban, tous ont été ahuris de voir Shams partir paralysée, dans une sorte de landau pour la déplacer, et revenir sur ses jambes.

  • Les membres de la famille de la miraculée sont des Irakiens chiites pratiquants. Ils n’hésitent pourtant pas un instant pour accorder le crédit de cette guérison à saint Charbel, un moine chrétien libanais.

  • Ce témoignage vous parvient de façon très directe puisque nous avons nous-mêmes rencontré cette famille, y compris la petite fille qui venait tout juste d’être guérie miraculeusement.

  • Le traitement de chimiothérapie a été arrêté et la guérison définitive de Shams a pu être à nouveau contrôlée un an plus tard à l’hôpital Notre-Dame-du-Secours (Jbeil, Liban).


En savoir plus

« Des mots, des histoires » : c’est sur ce thème que le vingt-et-unième salon du livre francophone de Beyrouth nous a fait rêver en 2014. Le Liban – « ce Message », comme l’a dit très justement saint Jean-Paul II – résonne en permanence des histoires que l’on se raconte et des cultures qui y convergent depuis toujours. En arrivant, nous ignorions encore qu’une histoire émouvante nous attendait à Jbeil (Liban), au Foyer du Rosaire, lieu où nous logions pour ce séjour. Il fait nuit et le taxi qui nous conduit manœuvre pour laisser la place à une voiture libanaise d’où descendent deux femmes, un homme et une enfant qui s’engouffrent dans le hall d’entrée du foyer.

La porte de l’ascenseur s’ouvre et l’on se retrouve avec cette famille irakienne, dont l’enfant est visiblement malade et qui va au même étage que nous. J’entrouvre la porte… Une silhouette menue en pyjama disparaît dans la chambre d’en face. Le lendemain, nous croisons à nouveau cette famille, avec la petite fille chétive.

« Vous êtes irakiens ? »,demandai-je en arabe. « Oui, de Bagdad. Nous sommes là pour la petite. »

L’enfant sourit. Un visage douloureux, des cheveux ras séparés par une longue cicatrice qui descend vers la nuque. Je sais déjà… « Une tumeur au cerveau », dit la maman, posant tendrement la main sur la tête râpeuse.

« Vous connaissez Annaya ? », dis-je à brûle-pourpoint. « Oui, bien sûr, le monastère de saint Charbel », répond la maman. Elle ajoute : « Elle est déjà miraculée, elle marche et elle a retrouvé la parole. »

Nous sommes là, plantés dans ce couloir, devant des Irakiens chiites qui le plus simplement du monde évoquent ce dont nous essayons de témoigner depuis plusieurs années : « les merveilles de Dieu et de son saint ermite ». Il faut en savoir plus... car tout signe est unique !

Mohamad explique spontanément : « Nous sommes frères et sœurs, tous les trois, et le père de la petite est resté à Bagdad. »

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés pour parler de Shams Mountazar Rabih Azerkhani – littéralement « soleil qui est attendu comme le printemps » –, née le 5 octobre 2010, troisième enfant d’une famille chiite de Bagdad.

Shams s’est assise auprès de nous, un peu craintive, vêtue d’une tunique bleu nuit brodée d’étoiles, aux épaulettes dorées, comme celle du petit prince de Saint-Exupéry. Fragile, timide, silencieuse.

« En juin, commence sa maman, Naham, je l’ai trouvée un matin dans son lit, les yeux révulsés, paralysée, la tête inclinée comme lors d’un torticolis. Elle ne parlait plus. Le docteur Akram Bashari, consulté en tout premier, constate un œdème et l’envoie au docteur Saad Al Wasri, qui diagnostique une tumeur avec une espérance de vie de deux à trois jours. En urgence, nous prenons immédiatement l’avion pour l’hôpital de l’université américaine de Beyrouth où, après beaucoup d’examens (scanner, IRM, prises de sang, radiographies), elle est trépanée.

Dix jours après l’ablation de la tumeur cancéreuse, nous sommes envoyés à l’hôpital Notre-Dame-du-Secours, à Jbeil, pour un traitement chimiothérapique de quatre mois. Mon frère réussit à trouver un hébergement pour nous quatre, chez les Sœurs du Rosaire, grâce à Odette, aide-soignante en oncologie, qui y vit à l’année, elle aussi. C’est elle, devant l’état de Shams, qui a évoqué devant nous l’existence du monastère d’Annaya, dans la montagne Libanaise, où repose le saint.

— Que vous a-t-elle dit ?

— Des mots simples, que cet homme de foi demandait à Dieu parfois des miracles quand on le priait dans la confiance avec ferveur.

— Êtes-vous pratiquants ?demanda ma femme en interrogeant tour à tour chacun d’eux.

— Oui, bien sûr !

— Et cela ne vous a pas étonnés, une telle proposition ?

— Non, pas du tout, prier, c’est prier, quelle que soit la religion. Et nous avons prié avec ferveur.

— Comment cela s’est-il passé ? »

L’oncle de Shams témoigne : « Nous avions acheté un landau pour déplacer Shams qui ne marchait plus, pour ma sœur qui n’en pouvait plus, et pour le confort de la petite. Nous avons pris un taxi jusqu’à Annaya. Dans le hall d’entrée du monastère, il y a des escaliers qui descendent à la crypte. »

« J’ai pris Shams dans mes bras, coupe sa maman, et nous nous sommes dirigés vers le tombeau du saint, tout en priant. C’est alors que dans mon cou, près de mon oreille, ma fille m’a dit : "Pose-moi par terre, s’il te plaît Maman !" Elle parlait… Puis elle m’a dit : "Laisse-moi marcher." Je l’ai posée sur ses deux jambes, elle titubait et je l’ai soutenue sous les bras. Et puis, elle est partie… toute seule !

— Et qu’avez-vous fait ?

— Rien, on n’a rien fait, on l’a regardée marcher, en priant. Elle parlait et, nous, on priait.

— Que disiez-vous ?

— Je me souviens que je demandais que saint Charbel soit le médecin de Shams pour que Dieu la guérisse. On en avait tellement vu, de médecins, depuis une quinzaine de jours seulement. Et là, je voyais courir ma fille entre les allées de la crypte.

— Êtes-vous allés au secrétariat du monastère ?

— Non, sous le coup de l’émotion, on a repris notre taxi et nous sommes vite revenus au foyer. Shams était partie en landau, elle revenait sur ses jambes. Toutes les Sœurs du Rosaire l’ont vue. Elle parlait comme avant. Il nous a fallu un certain temps pour nous rendre compte de la guérison miraculeuse de Shams, et revenir le lendemain à Annaya pour rencontrer le père Luis Matar et lui faire part de ce qui s’est passé. C’est Odette qui nous a conseillé de le faire et nous l’avons écoutée.

— Où en êtes-vous maintenant ?

— Nous rentrons à Bagdad dans deux jours, on a arrêté le traitement si lourd et nous reviendrons l’année prochaine à l’hôpital Notre-Dame-du-Secours pour contrôler la guérison définitive de Shams. »

Leur sourire ne les quitte pas et ne les a pas quittés, même dans les moments les plus pénibles de leur récit. Sereins et attentifs à nos questions. Je ne suis pas étonné de leur liberté de ton et je pense à tous ceux qui se méprennent en Europe sur l’islam chiite, beaucoup moins sectaire et rigide que le sunnite, et à mille lieues du salafisme. J’entends ma femme qui me demande de traduire : « Je voudrais vous poser une question, Naham : avez-vous vécu à proximité de carcasses de tanks, d’armes lourdes, de stocks résiduels des deux guerres d’Irak ? »

J’hésite à traduire, mais elle insiste. Le visage de Naham se ferme : « Oui, bien sûr, j’ai passé une grande partie de ma vie à côté des souvenirs que l’armée américaine nous a laissés partout autour des villes et des villages. Je sais à quoi vous pensez. À l’uranium, n’est-ce pas ? » Oui, c’est bien à cela que nous pensions en voyant Shams, sans oser demander comment vont le frère de huit ans et la grande sœur de neuf ans, les deux autres enfants de Naham…

Jean Claude et Geneviève Antakli, écrivains et biologistes.


Aller plus loin

  • Dr Ernest Joseph Görlich et Jean-Claude Antakli, L’Ermite du Liban, vie prodigieuse de saint Charbel Makhlouf(3e édition), Éditions du Parvis, 2023.


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