
Notre Dame des miracles guérit un paralytique à Saronno (1460)
Dans la nuit du 8 au 9 mai 1460, la Vierge Marie apparaît à Pietro Morandi, paralysé depuis six ans. Il habite à Saronno (Italie, Lombardie), à dix-huit kilomètres de Milan. Pietro est guéri dès le lendemain, lorsqu’il se rend à l’endroit précis que lui a indiqué Marie quelques heures auparavant. Une église est édifiée en celui-ci, avec l’aval et le concours du clergé et des autorités publiques de la région.
Les raisons d'y croire
Lourdement handicapé sur le plan physique, Pietro Morandi jouit de toutes ses capacités cognitives : rien ne soutient l’hypothèse selon laquelle le voyant aurait pu être victime d’une hallucination. Surtout, une hallucination n’a jamais guéri quiconque : l’apparition lui promit d’être guéri une fois parvenu sur place, ce qui se produisit, confirmant la prophétie.
La guérison de Pietro, dès le lendemain de l’apparition, est proprement miraculeuse : infirme depuis six ans, abandonné par les médecins, qui ont affirmé son mal incurable, il guérit instantanément, totalement et définitivement, sans acte médical d’aucune sorte, devant plusieurs témoins dignes de foi.
Une telle guérison invalide aussi l’hypothèse de la fraude : infirme depuis six ans, Pietro est connu de tous les habitants de son quartier, des paroissiens milanais et du clergé, car c’est un homme pieux. Les personnes chargées de l’emmener à la chapelle de la rue Varesina n’ont jamais formulé le moindre doute sur son état de santé, délabré au moment où il quitte son domicile, ni sur celui constaté après son passage dans la chapelle (guérison inexplicable marquée par une locomotion parfaite et durable).
Les lieux de culte abritant des représentations peintes et sculptées de Marie sont pléthores autour de chez lui : pourquoi aurait-il choisi de façon volontaire un lieu si éloigné et si escarpé ? Le moindre de ses déplacements – douloureux pour lui – nécessite l’aide d’au moins une personne. Dans ces conditions, on voit mal ce qui l’aurait poussé à se rendre de chez lui à la rue Varesina.
Le contenu du message de la Vierge à Pietro est parfaitement évangélique et ne concerne pas seulement le voyant, mais s’adresse plus généralement à l’Église milanaise dans son ensemble : prière, pèlerinage, pénitence, construction d’une église.
De surcroît, Pietro devra comparaître devant l’évêque de Varese et d’autres responsables religieux, chargés de l’interroger. Or, aucune source historique n’a jamais mentionné un quelconque refus ni la moindre hésitation du clergé face à l’apparition : les faits sont contrôlés puis acceptés rapidement, le voyant est accompagné sur le plan spirituel, et le chantier d’une nouvelle église est ouvert peu de temps après les faits.
L’engouement universel pour les faits de Sarrono se mesure encore dans la haute qualité architecturale et artistique apportée aux bâtiments du sanctuaire. Il est édifié à partir de la fin du XIVe siècle par des architectes de renom (Guiniforte Solari, Giovanni Antonio Amadeo). La coupole du sanctuaire, figurant des anges jouant cinquante instruments différents, est peinte en 1535 par Gaudenzio Ferrari, et de très belles fresques ont été réalisées à l’intérieur du bâtiment par Bernardino Luini, très apprécié des impressionnistes français. Quant à la façade, entièrement décorée au XVIIIe siècle, elle est l’œuvre de Giovanni Antonio Pellegrini, fameux peintre vénitien.
L’église du sanctuaire a été érigée au rang de basilique mineure par Pie XI le 2 janvier 1923 : il s’agit d’une reconnaissance publique de grande portée, marquant la sollicitude de l’Église universelle vis-à-vis de faits ayant présidé à la naissance d’un sanctuaire important et d’un pèlerinage afférent.
Fait rare, le calendrier diocésain célèbre trois fois par an Notre Dame de Sarrono (24 mars, 7 juillet et 15 août, le jour de l’Assomption) – signe d’une symbiose théologique, pastorale et liturgique de premier plan entre l’archevêque de Milan et les croyants de son archidiocèse.
En savoir plus
Dans la nuit du 8 au 9 mai 1460, Pietro (dit parfois Pedretto) Morandi, lourdement paralysé depuis six ans, est alité dans sa chambre, chez lui, à Saronno (Italie, Lombardie), à dix-huit kilomètres de Milan. Soudain, « à l’improviste », une lumière surnaturelle, d’une beauté inconnue, envahit la pièce. Au centre de la clarté, le malade voit se former les traits d’une femme…
C’est Marie, vêtue comme une reine, debout devant lui, à deux mètres à peine de son lit. Il n’ose ouvrir la bouche tant l’émotion l’envahit. L’apparition brise le silence : « Pietro, si tu souhaites guérir, rends-toi à la chapelle de la rue Varesina. Là, on devra y édifier une nouvelle église en mon honneur. »
Tirés de leur sommeil par ses cris, les voisins accourent au chevet de Pietro, pensant qu’il se trouve en difficulté. Il leur raconte l’apparition qui n’a duré que quelques minutes. Au fond de lui, pieux et aimant Dieu, il sait qu’il seraguéri lorsqu’il aura effectué ce petit pèlerinage à la chapelle de la rue Varesina. En attendant, toutes les personnes présentes échangent avec un homme largement invalide, semblable à lui-même depuis plus de six ans.
Le lendemain, deux hommes portent Pietro à la chapelle indiquée par l’apparition de la veille. Il est accompagné par quelques femmes de son entourage. Chacun est heureux de parvenir enfin au bout de la rue Varesina, car le chemin a été fatigant. Pietro a les traits tirés et son teint est blême.
Il se met en prière face à la petite statue de Notre Dame des Miracles, les yeux clos, la tête baissée. Les accompagnateurs l’imitent. Au bout de quelques minutes, Pietro pousse un petit cri : il vient de sentir une chaleur inconnue envahir ses membres, de la tête aux pieds. C’est une sensation nouvelle qui l’inquiète pendant quelques secondes : « Que se passe-t-il ? Vais-je dépérir davantage ? » Puis, un sourire radieux illumine soudainement son visage, dont la carnation est devenue rose vif : il peut bouger ses bras et ses jambes ! Autour de lui, c’est la sidération, mais tous sont unanimes : Pietro est entré invalide dans l’édifice et il en est sorti seul, sans aide, entièrement guéri.
Le clergé local est informé des faits dans les heures qui suivent. Le curé de Saronno enquête discrètement, questionnant Pietro, sa famille, ses amis, des paroissiens. Puis il communique ses informations à l’archevêque de Milan, Mgr Carlo da Forli qui, à son tour, après avoir rencontré les protagonistes, prend une décision favorable et autorise la construction d’un sanctuaire, comme la Mère de Dieu l’a demandée.
Débuté dans le dernier tiers du XVe siècle, le chantier du sanctuaire actuel prend fin en 1511. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, plusieurs agrandissements, nécessaires pour faire face au nombre toujours plus grand de pèlerins, compléteront cette œuvre. D’immenses peintres et architectes ont été invités à collaborer à ce chantier qui a été soutenu sans interruption par le clergé milanais et les autorités politiques de la cité.
Le 2 janvier 1923, le pape Pie XI a élevé le sanctuaire marial de Saronno au rang de basilique mineure.
Patrick Sbalchiero
Au delà
Datant de la fin du XVe siècle, à une époque où les procédures de reconnaissance des révélations privées et des apparitions n’existent pas sous leur forme actuelle, les faits de Sarrono portent des fruits incessants depuis le commencement, prouvant ainsi leur origine céleste : pèlerinage ininterrompu de toute la Lombardie et même de toutes les régions italiennes, climat de paix jamais contrarié entre clergé, laïcs et religieux, guérisons en nombre (y compris actuellement), vocations religieuses et sacerdotales, conversions au catholicisme, retour aux sacrements...
Aller plus loin
Domenico Marcuzzi, Santuari mariani d’Italia, Rome, edizioni Paoline, 1982.
En complément
Maria Luisa Gatti Perer, Le Sanctuaire de la bienheureuse Vierge des Miracles de Saronno, Milan, A. Pizzi editore, 1996.
M. Gamba, Apparizioni mariane nel corso di due milleni, Udine, Edizioni Segno, 1999, p. 303.
Patrick Sbalchiero, « Saronno (Italie, diocèse de Varese) », Dictionnaire des « apparitions de la Vierge Marie », sous la direction de René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Paris, Fayard, 2002, p. 862-863.