
La Vierge apparaît et prophétise en Ukraine depuis le XIXe siècle (1806)
Hrushiv, petit village d’Ukraine situé à l’ouest de Lviv, près de la frontière polonaise, est un lieu d’apparition de la Vierge Marie depuis le milieu du XVIIIe siècle, lorsque la Mère de Dieu se manifeste dans une prairie, au bas du village. Les apparitions se succèdent depuis cette époque : 1806, 1856, 1914, 1987 ; plusieurs manifestations de la Vierge et des guérisons extraordinaires sont recensées.
Les raisons d'y croire
Au pied du saule qui a été planté à l’endroit exact où Marie est apparue au XVIIIe siècle, une source a jailli au XIXe siècle de manière inattendue, dont l’eau a permis des guérisons inexpliquées depuis lors.
Le 13 mai 1987, jour anniversaire des apparitions de Fatima, la télévision locale, sous la coupe du KGB, diffuse en direct une émission sur les apparitions pour moquer croyants et pèlerins. Un nombre incroyable de téléspectateurs voient la Vierge apparaître sur leur écran dans une belle lumière, et « flotter au-dessus de l’église », tenant « l’Enfant Jésus dans ses bras », tandis qu’aucun technicien de la télévision ne voit quoi que ce soit.
Le 26 avril 1987, un an jour pour jour après l’explosion de la centrale de Tchernobyl, un nouveau cycle d’apparitions débute. Une fillette de dix ans, Maria Kyzin, qui vit alors près du sanctuaire de la Sainte-Trinité et se rend à la messe dans le village voisin, voit une silhouette féminine très belle aller et venir sur le balcon de l’église de la Sainte-Trinité, au-dessus d’une porte. Les apparitions perdurent les mois suivants.
Au total, près de cinq cent mille personnes assistent à ces apparitions. La Vierge apparaît quotidiennement entre le 26 avril et le 25 août 1987, malgré les interdictions des autorités communistes, qui élèvent des barricades, barrent les routes, creusent des tranchées et arrêtent des pèlerins manu militari. Malgré ce climat répressif, 45 000 personnes, catholiques et orthodoxes confondus, parviennent chaque jour à atteindre le lieu des apparitions.
Au cours de cette période, les témoins des apparitions viennent non seulement de toute l’Ukraine mais aussi d’Allemagne, de Pologne, d’Italie et d’autres endroits. Tous ont déclaré solennellement avoir entendu la Vierge parler dans leur langue maternelle respective.
Les messages prophétiques recueillis sont frappants d’exactitude et de précision : le 12 mai 1914, Marie avertit les Ukrainiens que des « malheurs » vont fondre sur eux (le pays est en première ligne des combats entre les pays de l’Entente et les puissances allemande et austro-hongroise) ; puis elle prophétise que les souffrances dureront « quatre-vingts ans » ou « quatre-vingt-dix ans » (violences civiles après la Révolution bolchevique, Seconde Guerre mondiale, puis domination soviétique), et que l’Ukraine deviendra un État indépendant (ce qui se réalise en 1991).
Bien que la procédure canonique de reconnaissance des apparitions n’ait pu être achevée (l’Église uniate, majoritaire à Hrushiv, est clandestine jusqu’en 1989), le clergé a répondu très tôt et très favorablement au phénomène : bravant les interdits gouvernementaux, des prêtres disent la messe à l’intérieur du sanctuaire (jusqu’à dix messes quotidiennes).
Dans le sillage de Fatima, plusieurs messages (en 1914 et 1987) prédisent la disparition de la foi en Russie après les troubles révolutionnaires, et pointent le danger du régime soviétique, dont l’athéisme causera le malheur de l’humanité et des croyants en particulier : « Si la Russie ne redevient pas chrétienne, il y aura une troisième guerre mondiale et le monde entier devra faire face à la ruine. »
Les nombreux messages de la Vierge sont d’une limpidité et d’une profondeur évangéliques remarquables et tous, sans exception, sont une invitation à suivre le Christ : prière, récitation du Rosaire, conversion, invitation à transmettre la foi entre les générations et à éduquer les enfants de manière chrétienne, pénitence, humilité, pardon des ennemis, sans distinction de nationalité ou de religion : « Heureux ceux dont la vie est droite et qui marchent dans la crainte du Seigneur. »
Josyp Terelya, voyant en 1987, a été pris au sérieux par les responsables ecclésiastiques et il a été reçu personnellement par saint Jean-Paul II.
Jaroslav le Sage, fils de Vladimir le Grand, a proclamé la Vierge Marie reine du peuple ukrainien en 1037, ce qui fait de lui le premier souverain occidental à consacrer son peuple à la Mère de Dieu. Un message dit : « Le Père vous appelle. C’est pourquoi j’ai été envoyée vers vous. Vous, en Ukraine, avez été le premier peuple qui m’ait été confié. Tout au long de votre longue persécution, vous n’avez pas perdu la foi, l’espérance et l’amour. »
En savoir plus
En 1806, une épidémie de choléra frappe une partie de l’Ukraine. Stephen Chapowskyj, homme d’une solide piété, habitant du village d’Hrushiv, peint une icône de la Vierge que les villageois installent aussitôt sur le tronc d’un saule. Quelques jours plus tard, Stephen, se recueillant près de son icône, voit l’image peinte devenir une femme vivante qui ne tarde pas à lui déclarer son identité : la bienheureuse Mère de Dieu. Des pèlerins nombreux viennent prier les jours suivants. Des malades contaminés par le choléra guérissent de façon extraordinaire et l’épidémie est finalement stoppée miraculeusement.
En 1856, l’Ukraine est à nouveau frappée par le choléra. Une femme voit alors la Vierge en songe qui lui dit : « Ma fille, je vous demande de nettoyer le puits profané. Célébrez-y la messe et la mort cessera dans le village. » Ce qu’elle s’empresse de faire. L’épidémie cesse brusquement. Une chapelle dédiée à la Sainte Trinité est édifiée au-dessus du puits.
Le 12 mai 1914, Marie apparaît à nouveau dans le village. Elle avertit les habitants que des « malheurs » vont fondre sur le pays. Une lumière magnifique est aperçue près de la chapelle de la Sainte-Trinité, à côté du puits communautaire. Le lendemain et le surlendemain, vingt-deux personnes voient la Vierge en une seule fois.
Notre Dame annonce que les croyants devront souffrir, que les Ukrainiens seront persécutés, et que certains vivront assez longtemps pour voir « trois guerres », à la suite desquelles le pays deviendra libre (ce qui fut le cas en 1989).
Le 26 avril 1986, les médias du monde entier relaient la nouvelle de la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Un an plus tard, jour pour jour, une fillette de dix ans, Maria Kyzin, voit la Vierge à son tour. L’apparition prévient que l’horreur de Tchernobyl est un signe du péril qui menace le monde et les chrétiens.
Du 9 au 12 mai suivant, Josyp Terelya, ukrainien en 1943, détenu politique depuis vingt-trois ans par les autorités soviétiques, voit à son tour la Vierge six fois de suite. Il avait déjà reçu la visite de Marie en 1972, dans sa cellule.
Des dizaines de milliers de personnes, catholiques et orthodoxes, Ukrainiens et étrangers, accourent à Hrushiv malgré les multiples mesures coercitives prises par les autorités soviétiques afin de tarir le pèlerinage jugé illégal aux yeux de Moscou, et bien que l’Église uniate soit restée dans la clandestinité jusqu’en 1989. Des femmes et des hommes sont arrêtés et jugés pour « activité ukrainienne catholique ». Le clergé catholique, réduit à une vie « souterraine » ou rallié à l’orthodoxie, ne peut mener de véritable enquête sur les apparitions. Toutefois, jamais personne n’a émis le moindre doute dans le clergé, et le pèlerinage a perduré.
Patrick Sblachiero
Au delà
Au-delà des apparitions – expériences visionnaires cohérentes et documentées, engendrant des fruits variés et durables à tous les niveaux – et de la qualité évangélique des messages, les événements de Hrushiv ont révélé l’incroyable piété des habitants, leur confiance en la parole de Dieu, malgré les persécutions dont ils sont victimes, et leur fidélité à Jésus et à sa Mère depuis plus de deux siècles.
Aller plus loin
René Laurentin et Patrick Sbalchiero, « Hrushiv (Ukraine) », dans Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, Paris, Fayard, 2007, p. 1143-1145.
En complément
L’article du site Toutes les prophéties : « Hrushiv en Ukraine ».
L’article du Monde : « Hrushiv », 21 août 1987.
René Laurentin, Les Chrétiens, détonateurs des libérations à l’Est, Paris, F.-X. de Guibert, 1991.
L’article de l’Encyclopédie mariale en ligne : « Grouchiv (Hrushiv) et l’année 1987 ».